Madagascar… Ses plages de sable fin, ses paysages volcaniques et ses eaux turquoises tournées vers l’Océan Indien accueillent chaque année des dizaines de milliers de touristes. Des familles françaises, des amateurs de pêche au gros… mais aussi des prédateurs, de plus en plus de prédateurs. Ces dix dernières années, l’île située au large de l’Afrique attire en effet de plus en plus de touristes sexuels.
Les jeunes “proies” malgaches ont entre quinze et vingt-cinq ans. Elles sont belles, métissées mi-africaines, mi-asiatiques et leur plastique de rêve est devenue leur seul chance de survivre dans un des pays les plus pauvres du monde. Eux, sont Français pour la plupart, ils ont entre cinquante et soixante dix ans et pour moins de vingt euros la nuit, ils profitent de la misère de toutes ces proies faciles.
Nous avons traqué ces nouveaux prédateurs prêts à se payer quelques jeunes filles, parfois mineures, pourvu qu’elles se plient à leurs fantasmes sexuels. Nous avons interviewé ces jeunes filles, tenté de comprendre comment elles pouvaient en arriver là, découvrant que la plupart d’entre elles croyaient encore que l’un de ces “vazahas” (étrangers) voudrait bien les emmener en France, les épouser, fonder une famille.
Pendant le tournage de notre reportage, les autorités malgaches ont voulu frapper fort et se sont lancées dans une campagne de répression sans précédent. Pour que Madagascar et sa petite île de Nosy Be ne riment plus avec tourisme sexuel, la police et la justice malgaches ont décidé d’éradiquer ce fléau.
Le résultat est stupéfiant : arrestations massives de touristes français, incarcérations abusives, justice expéditive… En l’espace de quelques semaines, des dizaines de Français se sont ainsi retrouvés enfermés dans les prisons malgaches, des geôles d’un autre âge. Les uns après les autres, ils ont été condamnés à cinq ans de prison ferme. Madagascar a créé un nouveau délit : celui de ” tourisme sexuel “. Il s’applique aux étrangers qui ont payé des jeunes filles malgaches, qu’elles soient mineures ou majeures…
Les journalistes ont pu filmer ces vagues d’arrestations. Ils ont retrouvé ces Français, médecins, postiers ou chefs d’entreprise. Enfermés dans la prison de l’île malgache de Nosy Be où certains s’attendent à passer leur cinq prochaines années, ils nous ont confié leur angoisse, leur peur de mourir là, de finir leur vie entre les murs délabrés de prisons décrépies, héritage d’un autre âge, celui de la colonisation française.